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Jenna Wong. Photo : Courtoisie de Jenna Wong.

 55 % des Antidépresseurs PRESCRITS POUR LA DÉPRESSION

Les résultats de l’étude démontraient clairement que la prescription d’antidépresseurs pour des indications autres que la dépression augmentait au fil des années, fait valoir Jenna Wong, candidate au doctorat au département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail de l’Université McGill, et co-auteure de l’étude. Il ne faut donc pas assimiler une augmentation de la hausse des prescriptions à une hausse du traitement de la dépression, en raison des autres indications pour ces médicaments, dit la chercheuse durant un entretien à l’Université McGill.

Le fait que des antidépresseurs soient utilisés pour des indications non approuvés peut être une source d’inquiétude, observe Mme Wong. Cela dit, le fait qu’une indication n’ait pas encore été approuvée ne signifie pas nécessairement qu’il n’existe pas de preuves scientifiques sur l’efficacité du médicament, nuance-t-elle. Par contre, si une médication est utilisée pour une indication non approuvée et qu’il n’y a pas de preuves scientifiques pour justifier cette utilisation, cela devient fortement préoccupant, met en garde la chercheuse. Il importe donc d’étudier les preuves qui pourraient justifier une utilisation hors indication des antidépresseurs.

 

Enfin, que devrait-on principalement retenir de l’étude? Lorsque les gens pensent aux antidépresseurs, il ne faut pas penser qu’ils sont utilisés seulement pour soigner la dépression, résume Mme Wong. De plus, les chercheurs qui s’intéressent à la question des antidépresseurs devraient tenir compte de cette réalité, ajoute-t-elle.  

Jenna Wong, candidate au doctorat au département de d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail de l’Université McGill, commente les résultats de l'étude qu'elle co-signe.

Dans près de 30 % des prescriptions d’antidépresseurs, les médecins ont prescrit un médicament pour une utilisation hors indication, surtout l’insomnie et la douleur. On y retrouvait aussi des prescriptions pour des conditions non indiquées, comme la migraine ou le TDAH, par exemple.

 

Les auteurs de l’étude intitulée «Treatment Indications for Antidepressants Prescribed in Primary Care in Quebec, Canada, 2006-2015» et publiée en 2016 dans le Journal of the American Medical Association ou JAMA, suggèrent que l’utilisation à la hausse des antidépresseurs pourrait être reliées à la prescription de ces médicaments pour des indications autres que la dépression,  incluant des indications non approuvées et non évaluées par les organismes de réglementation.

Une «tendance troublante», selon la FMSQ

«Des chercheurs de l'Université McGill et de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill ont démontré une tendance troublante en matière de prescription d'antidépresseurs pour soigner la dépression», a commenté la Fédération des médecins spécialistes du Québec, en réaction à l'étude. «Les chercheurs ont démontré que les médecins de soins primaires ont une nette tendance à prescrire ces produits pour des indications non approuvées et non évaluées par les organismes de réglementation.» Selon la Fédération des médecins spécialistes, les résultats de l’étude «démontrent la nécessité d'évaluer l'utilisation des antidépresseurs hors indication».

 

Interrogé sur la prescription de médicaments en santé mentale pour des indications autres que celles prévues, le Collège des médecins du Québec a répondu par écrit qu’il «recommande aux médecins de prescrire selon les indications reconnues». Comme l’a souligné Leslie Labranche, relationniste au Collège des médecins, «il est important qu’un médecin soit toujours capable de justifier son acte médical».

Les ordonnances d’antidépresseurs ne sont pas nécessairement utilisées pour traiter la dépression, d’après une étude examinant plus de 100 000 ordonnances d'antidépresseurs effectuées par voie électronique par 158 médecins pratiquant à Montréal et à Québec. Les résultats? Seuls 55,2 % des prescriptions d’antidépresseurs étaient utilisées pour traiter la dépression. Les médecins ont aussi prescrit des antidépresseurs pour traiter des troubles anxieux (18.5%), de l’insomnie (10,2 %), des douleurs (6,1 %) et des troubles paniques (4,1 %), entres autres.

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