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Introduction

Entre 2011 et 2016, les nouvelles ordonnances de médicaments pour traiter le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ont doublé au Québec, selon les données de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Le nombre d’adultes ayant une prescription a triplé. Les nouvelles ordonnances pour les antidépresseurs et les antipsychotiques ont grimpé, respectivement, d’environ 23 % et de 13 %. Inversement, les nouvelles prescriptions pour nombre anxiolytiques ont diminué d’environ 8 %.

 

À partir des données de la RAMQ, il est possible d’illustrer l’évolution des ordonnances en fonction de différentes variables, comme l’âge ou le sexe. Les différentes sections de ce reportage permettront de visualiser l’évolution des prescriptions entre 2011 et 2016. À partir des données brutes obtenues, il a été possible de faire ressortir certains faits saillants via divers graphiques et infographies. Des éléments d’explications seront aussi offerts grâce à des entrevues avec différents experts. La question de l’accès aux soins sera également abordée. S’il n’est pas possible d’avoir toutes les réponses, espérons que le reportage permette du moins de soulever des questions…

«Les troubles mentaux représentent un grand défi du siècle en matière de maladie chronique», signalait Robert Salois, ancien Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE), dans un rapport portant sur la santé mentale au Québec. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la dépression et l’anxiété affecteraient près d’une personne sur dix sur la planète. «Les problèmes de santé mentale, en particulier la dépression, sont la principale cause de morbidité chez les jeunes», indique l’OMS.

 

En effet, «la plupart des troubles mentaux, soit 70 % à 80 %, apparaissent tôt dans l’enfance, l’adolescence et le début de la vie adulte», notait M. Salois. «S’ils ne sont pas dépistés tôt et traités efficacement, ils entravent l’avenir des personnes sur le plan social, éducatif et professionnel.» Au-delà de l’impact sur l’individu, les troubles mentaux ont des impacts socio-économiques et sur le plan de la santé publique.

 

«Ils augmentent de plus l’utilisation des services de santé et des services sociaux avec les coûts qui leur sont associés, comme l’absentéisme au travail, les rechutes, la chronicité, l’incidence du suicide et la surmortalité, d’où l’importance d’agir rapidement pour diminuer les effets négatifs associés aux troubles mentaux», signalait l’ancien Commissaire, tout en soulignant dans son rapport des problèmes au niveau de l’accès et l’offre de services en santé mentale au Québec.  

 

Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), près d’une personne sur cinq au Québec et au Canada souffrirait d’une maladie mentale, qu’elle soit diagnostiquée ou non. Or, moins de la moitié des personnes consulteraient, peut-on lire dans le Plan d’action en santé mentale 2015-2020. «Au Québec, de 1999 à 2010, la prévalence annuelle moyenne des troubles mentaux diagnostiqués était de 12 %, dont 7,5 % concerne les troubles anxieux et les troubles dépressifs (soit 65 % de l’ensemble des troubles mentaux) et 0,4 % concerne les troubles schizophréniques.»

Malgré ces chiffres, l’accès aux services publics de santé mentale au Québec reste problématique, comme l’a signalé à plusieurs reprises l’ancienne Protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain. «L’expression «parent pauvre» du système de santé revient souvent pour qualifier les ressources en santé mentale. Pour trop de gens, simplement avoir accès à des services appropriés dans un délai raisonnable demeure titanesque, une mission voire impossible», disait-elle dans un discours prononcé en 2014.

 

L’année suivante, elle constatait «un manque évident d’intégration et de continuité des services en santé mentale» et signalait que seulement 6,1 % des dépenses des programmes du réseau de la santé étaient consacrées à la santé mentale. En 2015-2016, ce ratio était similaire, selon les Comptes de la santé du MSSS. Les dépenses de programmes s’élevaient à 1,3 milliard $, sur un total de 16,6 milliards. En 2016, dans son rapport annuel d’activités, la Protectrice du citoyen soulignait le dépôt attendu du Plan d’action en santé mentale 2015-2020, mentionnant qu’il contenait «des avancées, mais des zones floues et des ressources insuffisantes».

Pendant ce temps, les médias font régulièrement état d’augmentations de prescriptions de médicaments pour divers troubles de santé mentale. On parle, par exemple d’antidépresseurs, d’antipsychotiques ou de Ritalin pour le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Les troubles mentaux sont-ils plus présents qu’autrefois? Les pilules remplacent-t-elles l’accès convenable aux soins? A-t-on lieu de s’inquiéter? «Every so often, the newspaper will report that rates of psychiatric disorder are climbing, sometimes dramatically. The best current examples are autism and attention deficit disorder. Don’t believe the numbers», mettait en garde le psychiatre américain Allen Frances dans le livre Saving normal publié en 2013.

Photo:Wix

Photo: Infogram

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